L'atelier d'écriture d'Emily Wolf

L'atelier d'écriture d'Emily Wolf
L'atelier d'écriture d'Emily Wolf

Texte : Femmes qui courent

Elle court. Vite. A toute allure. A en perdre son souffle.
Elle sent sa soeur haleter à côté d'elle. Elles courent toutes deux depuis déjà tellement longtemps...
Elle veut attraper sa soeur, lui demander de s'arrêter, de souffler, de se reposer enfin, mais sa soeur la repousse. Non, il faut continuer, encore et encore, sinon...
Sinon il va les rattraper.
Lui, ce bourreau, cet immonde tortionnaire, son mari, il va les rattraper, et cette fois il va les tuer.
Alors les deux soeurs courent. Elles traversent la savane, empêtrées dans leurs tenues ocres raidies par la terre et la poussière, elles courent dans le soleil couchant pour lui échapper et pouvoir enfin se reposer.
Le paysage défile sous leurs yeux angoissés. Au loin des formes s'animent, montagnes inconnues et arbres fantômatiques, et toutes ces ombres les terrifient. Elles connaissent pourtant ces lieux familiers depuis l'enfance, mais en cette nuit de terreur, le moindre souffle de vent devient menaçant.


Création : 17/10/2018

Texte : Décrire une ville

L'aurore se lève sur la cité endormie.
Tout est encore calme, noyé dans les brumes de la nuit. Quelques enfants jouent déjà, dans les cris des pigeons et le bruissement des premières voitures.
La cité a grandi à vue d'oeil, perchée sur le flanc du mont solitaire. Ce sont maintenant des hordes de silhouettes rapides qui se pressent le long des murs de la ville pour se rendre au travail, se glissant près des grands miroirs réfléchissants qui décorent la ville tout en la fournissant en énergie solaire.
Rose et jaune – ce sont les couleurs actuelles de la ville, resplendissante dans le soleil matinal.


Création : 17/10/2015


Texte : écrire la suite du premier paragraphe du Votant d'Asimov

C'était aujourd'hui qu'il devait être élu.
Il avait tenté de persuader tout le monde que non, il ne pouvait pas être élu, ce n'était pas possible, il n'était pas fait pour cela, il ne pouvait pas devenir président, il n'en était pas capable, on lui en demandait trop, il ne pouvait pas diriger le monde – que dites-vous, le monde, mais pas seulement, l'univers entier, l'ensemble des galaxies qui composaient l'univers connu et habité.
Norman Muller se décida enfin à se lever, toujours morose. Il avait dit et répété au technicien chargé de l'ordinateur qu'il devait y avoir une erreur quelque part, il avait même, en cachette, vérifié le programme de l'ordinateur, dans la mesure où ses maigres connaissances informatiques le lui permettaient, mais aucune de ses tentatives d'évitement n'avait fonctionné. Elu il était, élu il resterait.
Il devrait s'estimer heureux, lui avait-on répondu. C'était un grand honneur, une fierté, un motif de gloire que d'avoir été désigné par l'ordinateur pour être élu Président de la Confédération de l'univers, parmi 7 milliards de milliards d'humains potentiellement élus. L'ordinateur ne pouvait se tromper, il désignerait forcément la personne qui gouvernerait le mieux l'univers. Cela constituait la base de son programme : élire le meilleur président possible. Et tant pis si la personne n'avait pas envie d'être élue.



Création : 17/10/2015